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La testimonianza di Bruno Baroni

Chère Annalisa, chère Elisabeth,
J’ai interviewé mon père samedi après-midi et je résume ci-dessous les informations obtenues. 

«Je m’appelle Bruno Baroni. Je suis né en Allemagne, à Wuelfrath en 1918, mes parents ayant émigré dans ce pays pour trouver du travail.
Mon père, Edouard Baroni, vint en France, à Grigny, en 1921 (il connaissait déjà la région car il avait travaillé de 1906 à 1908 aux Sablières de la Seine).

Il vint en France avec un permis de travail régulier de Piketty et la famille suivit, à son appel en 1922. La décision d’émigrer d’Allemagne et de venir en France fut alors prise à cause de la politique fasciste et du refus de mon père Edouard de s’inscrire au parti pour avoir du travail, à la suite d’une épidémie importante de diphtérie (ma soeur ainée Lisetta mourut lors de cette épidémie) et pour la difficulté à trouver un emploi.

Mon père travaillait à la butte comme carrier. Nous habitions les baraques de Fleury Merogis, près de la tranchée B. Les baraquements étaient occupés par une famille titulaire et par une dizaine d’ouvriers pensionnaires (tous italiens). Les accidents de travail en carrière étaient très fréquents à la butte avant l’arrivée des transbordeurs.

Il n’y avait alors pas de fête de la paye, car elle ne commença que vers 1932/33. On travaillait à l’époque, même le dimanche et on était payé au contrat.

Les payes correspondent aux données reportées dans le livre «L’homme de la meulière» Mémoires en Images – Grigny.

Pendant les temps libres les adultes et les personnes d’un certain âge chassaient. La plupart jouaient aux boules, aux cartes et allaient danser le samedi soir. Les jeunes faisaient du sport, surtout du cyclisme.

De 1922 à 1927 mon père travailla chez Piketty à la tranchée B.

Entretemps, il parvint à se construire une maison dans la forêt de Séquigny. Dans les années suivantes il travailla dans les cartières de Villemoisson jusqu’en 1930. Puis il se mit à son compte ayant quelques ouvriers avec lui.

La tranchée B fut épuisée en 1931; elle était localisée le long de la forêt de Manat (ou de Séquigny). Au milieu des pommiers (où M. Jean Comparin et M. Durand allaient à la chasse) il y avait sept baraques; quatre baraques au début (1924-25) étaient placées dans la propriété du Château de Fleury pour un projet d’ouverture de carrière. Ne trouvant pas de pierre on les transféra. Une des quatre alla rejoindre les sept autres à côté des pommiers (où se trouvent actuellement les «Peintures Soudées»). Les trois autres furent transférées à Grigny, près de la Cantine noire. En 1931 les baraques partirent à Orgenois où Piketty avait ouvert une autre carrière.

Nous connaissions toutes les familles italiennes du coin. Mon père était parrain d’une fille Stedile (famille qui venait de Posina, dans nos montagnes) et au début de son séjour, quand la famille était encore en Allemagne, il habitait la Cantine Noire et ensuite la Cantine des Filippi.

Pendant l’occupation allemande, en 1940, il travailla deux ans chez l’occupant, puis ensuite à la ferme de la Greffière comme vacher. A la fin de la guerre toute la famille retourna en Italie.

 «Vivre à la bricole» : un groupe d’ouvriers se mettaient ensemble pour vivre dans une maison privée, faisaient leur cuisine eux-mêmes. Beaucoup d’italiens se faisaient livrer des denrées alimentaires du pays. Elle leur parvenaient par colis postal.

 «La baccana» : c’était la cuisinière, la titulaire des maisons qui avaient des pensionnaires. Ma mère était une baccana. Elle préparait le repas des ouvriers pensionnaires et lavait leur linge.

 Personnellement j’ai fréquenté les écoles de Fleury-Mérogis de 1924 à 1926. Mon instituteur était M. Astier. De 1926 à 1932, j’ai fréquenté l’école de Viry-Châtillon où j’ai obtenu mon Certificat d’études et où j’ai connu deux garçons de Grigny qui venaient à Viry au cours complémentaire car à Grigny il n’y en avait pas. Il s’agissait de Bruno Bettale et de Maurice Saunier (qui avaient obtenu leur certificat au collège d’Igny). J’ai connu de nombreux camarades de Grigny: Georges Grésillon, Arduino Dal Prà et les frères Cecchelero qui couraient en vélo avec moi.

En 1935 en effet j’ai commencé à courir ave «L’Amicale Cycliste de Juvisy-Viry».

Je n’ai jamais travaillé chez Piketty; je travaillais dans le Bâtiment car, malgré mon Certificat d’études, pour un étranger c’était très difficile de trouver un autre emploi. J’avais été proposé pour une bourse d’études à Viry-Châtillon, mais je n’ai pas été accepté car étant étranger. Cependant les instituteurs traitaient très bien les élèves étrangers et j’en ai de tous un très bon souvenir. M. et Mme Morin, M. Gaudin. M. Lerondeau et M. Loubet, le directeur. En 1932, j’ai fait une demande de naturalisation qui a été repoussée (nous supposons pour le fait que j’étais né en Allemagne et que toute la famille était entrée en France venant d’Allemagne).

Pendant mon temps libre, outre que la passion de la bicyclette, j’allais danser et jouer aux boules chez Cervo. Je prenais ma douche le samedi aux bains de Grigny car j’étais plus près de Grigny que de Viry, où j’habitais. Sur le plateau de Viry en fait c’était aussi une petite Italie ! J’ai connu toutes les familles italiennes qui sont citées dans le livre et que j’ai reconnu sur les photos: la famille Comparin, Louis, Emile, Marie Thérèse et le papa. Arduino Dal Prà, Roland Porcin, Gaston Mogentale (on l’appelait Tonton Mogentale), M. et Mme Peterlin et Césira, qui ensuite épousa un de mes cousins (Enzo Degli); M. Guérin, Marcel Saunier. Je me souviens aussi de Serge Rebours et de Paulette Pinardi. Les français que j’ai connu: les Porcin, les Beaupin, les Grésillon, M. Baron, le marchand de vin, M. Levacher, boucher qui fournissait le plateau de Viry.»

Pour l’instant, je vous envoie quelques photos d’époque.

 

Daniela

 

Bruno Baroni avec ses parents et sa petite soeur devant leur baraque en bois

 

Bruno Baroni lors d’une course

 

devant la maison construite par E. Baroni

 

au temps où il n y avait que la campagne dans les alentours

 

la course est terminée!

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